Avant de se présenter au monde, l’embryon, qui deviendra par la suite un fœtus, se prépare durant neuf mois environ dans le ventre de sa mère. Il évolue durant cette période au sein d’un espace protégé, porté par une mère traversant des tensions internes et externes, mais qui très souvent, essaye du mieux qu’elle peut de le protéger.

A sa naissance, l’enfant continue d’évoluer tout en prenant sa place au sein d’une famille, famille dont la structure ne cesse de changer depuis les années 1950. En effet, entre les années 1950 et 1980, le modèle familial a bien évolué, la famille n’est plus composée des deux parents et des enfants, les divorces commencent à être de plus en plus courants et les familles monoparentales aussi. Dans les années 1980, la famille continue son évolution, avec l’apparition en nombres de cas de divorces et de remariages, qui deviennent aussi courant que les mariages traditionnels.

Depuis les années 2000 à nos jours, dans les sociétés occidentales, nous assistons à la coexistence de multiples structures familiales, qui, pour chacune d’entre elle, possède son propre fonctionnement. La famille nucléaire qui n’est plus le modèle unique depuis de nombreuses années, compose avec la famille monoparentale, la famille recomposée, la famille adoptive ou même la famille homoparentale.

De ce fait, dès sa naissance ou au cours de son développement, certains enfants se développent au sein de famille constamment en changement, qui se compose et se décompose pour se recomposer et cela, parfois, comme un cercle sans fin pour eux. Ces enfants subissent les unions multiples de leurs parents, ce qui, très souvent, lorsque ces changements sont mal accompagnés, peuvent provoquer de lourdes conséquences sur leur développement dans l’enfance et à l’âge adulte.

Certes, nous ne sommes pas sans savoir que ces nouvelles structures familiales montrent une évolution des mentalités au sein de nos sociétés et sont signes de progrès, cependant, nous ne pouvons ignorer du fait des progrès qu’elles apportent, les conséquences sur les enfants, lorsque ces changements ignorent et ne prennent pas en compte leurs besoins.

D’après la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, depuis les années 2010, 425 000 séparations conjugales (divorces, ruptures de pacs ou d’union libres) ont lieu en moyenne chaque année et environ 37 900 enfants mineurs expérimentent la rupture de l’union des adultes qui en ont la charge.
Lors des séparations, les maux des adultes peuvent altérer leur capacité à agir dans l’intérêt de leurs enfants. Surtout lorsqu’il s’agit de séparations conflictuelles, certains parents, du fait d’un mal-être, peuvent être amenés à instrumentaliser leurs enfants à leurs fins personnelles.

Parfois, lors d’une séparation, la communication entre les parents est quasi inexistante, et certains font même le choix de briser le lien de l’enfant avec son parent, ce qui a indéniablement de lourdes conséquences sur l’enfant.

Certes, l’entourage familial et amical peut être un soutien bénéfique pour l’enfant et ses parents mais très souvent, trop engagés émotionnellement, l’entourage ne possède pas toujours le recul nécessaire pour accompagner les parents et les enfants à traverser cette période de crise.

Par ailleurs, dans certaines familles, lorsque le parent se remet en couple, l’arrivée du nouveau compagnon ou de la nouvelle compagne peut être source de conflits multiples. En effet, il peut être considéré comme un rival pour l’enfant ou pour l’autre parent. Ce nouvel arrivant peut rencontrer des difficultés dans sa relation avec l’enfant, il peut lui être difficile de cerner les conflits qui traversent l’enfant, du fait de la séparation de ses parents et prendre pour lui l’ensemble des provocations de l’enfant. En réponse parfois, l’enfant peut se montrer très agressif ou sur la défensive avec le beau-père ou la belle-mère. Sans accompagnement, ces situations peuvent conduire à une rupture de lien de l’enfant avec le parent ou à une séparation du nouveau couple.

Pour terminer, lorsque la justice est sollicitée, les décisions des Juges aux Affaires Familiales ainsi que des Juges pour Enfants n’apaisent pas pour autant les tensions et ne protègent pas toujours les enfants des conflits parentaux.

La séparation est un bouleversement pour l’ensemble des membres de la famille, qu’elle se fasse de manière apaisée ou conflictuelle. L’enfant peut entre autre questionner son existence, l’amour de ses parents pour lui ou s’inquiéter de sa place au sein des nouvelles familles que chacun des parents reformeront.

Les séparations et les conséquences sur les enfants doivent faire l’objet d’un véritable accompagnement auprès des enfants et de leurs parents. En effet, les multiples changements qui en découlent (être séparé d’un des parents, vivre les conflits, changements d’habitudes, de lieux d’habitations, etc) doivent être accompagnés pour être à l’écoute des besoins de l’enfant et lui permettre de faire face plus facilement aux conséquences de cette situation qui s’impose à lui.

L’enfant est un être intelligent qui ne demande qu’à grandir et le rôle du parent est de l’accompagner vers cette évolution.
La séparation n’est pas une fin en soi, bien au contraire, lorsqu’elle est bien accompagnée, elle permet d’apaiser chacun des membres et offre d’autres opportunités d’évolution. Elle permet aux parents, lorsque cela est possible, de créer une alliance parentale pour le bien de leur enfant. Certes, le couple conjugal est séparé mais le couple parental ne se sépare pas. Il est important de le rappeler sauf décision de justice contraire, lors d’une séparation, les deux parents exercent conjointement l’autorité parentale et ont un devoir de protection, d’entretien et d’éducation envers leur enfant.

Mais pas seulement, les parents ont le devoir d’accepter l’amour qu’un enfant porte à son parent et le préserver de devoir choisir entre l’un ou l’autre de ses parents, car l’essence même d’un enfant fait qu’il aime ses deux parents.

Le couple conjugal peut se séparer mais en bonne intelligence le couple parental lui reste uni.

Les parents restent les parents des enfants, et des points de vigilance doivent être pris en compte quant à la place du beau parent, pour éviter entre autres que les enfants nourrissent un sentiment d’abandon, une rivalité, ou même du rejet…
Sans un accompagnement adapté, certains enfants peuvent manifester des carences éducatives et affectives importantes qui entraîneront des conséquences dans leur construction dans l’enfance et à l’âge adulte.